Rythmologie : première nationale à l’Institut Mutualiste Montsouris
Les premiers stimulateurs cardiaques sans sonde à double chambre ont été implantés le 4 novembre 2024 à trois patients du Département de Rythmologie de l’Institut Mutualiste Montsouris, hôpital privé à but non lucratif (PARIS 14ème), reconnu en quelques années comme l’un des centres les plus performants de France.
Ce premier stimulateur cardiaque sans sonde à double chambre miniaturisé (plus petit qu’une pile AAA), a également été implanté en simultané au CHU de Grenoble, à l’Hôpital Européen Georges Pompidou AP-HP (Paris 15ème) et au CHU de Tours.
Depuis des décennies, la technologie des pacemakers ne cesse d’évoluer jusqu’à atteindre aujourd’hui un degré de miniaturisation et d’adaptabilité uniques au monde, occasionnant par là-même un confort et une sécurité inédits pour les patients.
Du pacemaker traditionnel au pacemaker sans sonde
Le pacemaker traditionnel, implanté depuis des décennies, est composé d’un boîtier comprenant la batterie au niveau de la poitrine et d’une ou plusieurs sonde(s) permettant de délivrer l’énergie dans le cœur du patient. Ce système peut parfois s’accompagner de complications ou de contraintes comme des infections, des fractures des sondes ou encore, des limitations dans les mouvements. Ces dispositifs laissent aussi des cicatrices visibles et obligent les patients à se conformer à des restrictions physiques après l’implantation.
La technologie du pacemaker sans sonde a marqué un tournant dans la prise en charge des patients cardiaques. Il est implanté directement dans le cœur via la veine fémorale par une procédure miniinvasive. Ce type de dispositif élimine les complications liées aux sondes et offre au patient une récupération plus rapide et sans cicatrice.
Du pacemaker sans sonde au premier stimulateur sans sonde à double chambre
Jusqu’à aujourd’hui, les stimulateurs cardiaques sans sonde étaient limités à l’implantation d’une capsule dans le ventricule droit. Cependant, environ 80 % des patients nécessitant une stimulation cardiaque ont besoin d’une thérapie à double chambre, pour assurer la coordination entre les battements de l’oreillette et ceux du ventricule. Le premier stimulateur sans sonde à double chambre répond à ce besoin.
Deux implants distincts sont utilisés pour stimuler à la fois l’oreillette droite et le ventricule droit. Grâce à la technologie de communication innovante i2i™ (implant-à-implant), les deux dispositifs communiquent entre eux à chaque battement du cœur, assurant ainsi une coordination parfaite entre les deux chambres du cœur. Cette synchronisation est essentielle pour maintenir un rythme cardiaque normal et donc soulager les patients ayant des symptômes d’arythmie, notamment la fatigue, les étourdissements ou les essoufflements.
« Et ceci n’est qu’un début ! » selon le Docteur Olivier VILLEJOUBERT, cardiologue-rythmologue à l’Institut Mutualiste Montsouris et spécialisé en stimulation cardiaque sans sonde. « Cette technologie révolutionnaire d’implants capables de fonctionner de manière autonome mais aussi de communiquer entre eux permet d’envisager un système de stimulation évolutif en fonction des besoins de chaque patient. Avant, pour faire évoluer un pacemaker, il fallait le remplacer par un nouveau. Avec ce nouveau système, on rajoute une capsule qui vient compléter la première, comme si on « rajoutait une option ».
« Notre équipe a développé une grande expérience en stimulation cardiaque depuis des années (1200 pacemakers et défibrillateurs par an), en particulier en stimulation cardiaque sans sonde. Une telle évolution est pour nos patients un très grand pas : d’une part, ce système a un taux de complication très faible, et, d’autre part, il est évolutif. D’ici peu, nous auront accès aux capsules de resynchronisation cardiaque qui aident la contraction du cœur, et l’ensemble pourra probablement être intégré à un système de défibrillation pour la prévention de la mort subite. C’est un véritable écosystème évolutif qui vient de naitre ! ».
Des bénéfices concrets pour les patients
Les résultats des études cliniques sur le stimulateur cardiaque sans sonde à double chambre sont très significatifs. Le taux de réussite de l’implantation atteint 98,3 %, et plus de 95 % des patients ont bénéficié d’une synchronisation auriculo-ventriculaire parfaite après l’implantation. En pratique pour le patient, cela se traduit par des changements notables : absence de cicatrice donc plus de rappel visible de la présence d’un stimulateur au niveau de la poitrine, et plus aucune restriction de mouvement du bras. Les patients peuvent ainsi reprendre leur vie plus rapidement, sans les contraintes des pacemakers traditionnels.
Cette nouvelle technologie de stimulation sans sonde proposée apporte aujourd’hui une plus grande flexibilité pour le médecin dans l’adaptation de la thérapeutique à la condition de son patient. Le système est conçu pour pouvoir évoluer : un patient peut commencer avec l’implantation d’un stimulateur pour une seule chambre (ventriculaire ou auriculaire), il est ensuite possible d’ajouter un second implant si une stimulation à double chambre devient nécessaire. Cette capacité à évoluer avec les besoins du patient est une avancée majeure dans la prise en charge des soins cardiaques modernes.
Le dispositif, auriculaire et ventriculaire est aussi conçu pour être récupéré à long terme lorsque celui-ci arrive en fin de vie, permettant ainsi de le remplacer sans laisser de matériel dans le corps du patient.